Mobilisation générale contre la réforme des retraites !

Mobilisation générale pour dire Non à la réforme des retraites :

Luc Bérille, ancien secrétaire général de l’Unsa écrivait ces quelques mots ce jour :

"195 pour, 112 contre, 37 abstentions : sans surprise, le sénat, à majorité de droite, a adopté, le 11 mars, la réforme des retraites dans laquelle elle reconnaissait son propre bébé. Mais ce sont les commentaires de la 1ère ministre et du président du Sénat qui me font réagir.

"Nous avons pu mettre l’empreinte du sénat sur ce texte" a dit Gérard Larcher, alors que, par la mise en oeuvre de l’article 44-3 instituant le vote bloqué, c’est le gouvernement, et non le sénat, qui a choisi lui-même les amendements qui lui convenaient ! Quant à Elisabeth Borne, dont le gouvernement a décrété l’utilisation du 44-3, elle a eu cette phrase inoubliable : "Le débat démocratique s’est tenu"...

Pendant ces petites manoeuvres et ces effets de parole, outre les millions de manifestants qui auront défilé depuis plusieurs semaines, tous les sondages confirment que les 2/3 des Français, dont plus de 90 % des actifs, restent opposés à cette réforme des retraites....

Voilà donc qui traduit une singulière conception politique de la démocratie. Le peuple n’existerait plus pendant 5 ans en dehors de ses représentants, de plus en plus mal élus par ailleurs. Dès l’élection terminée, ces derniers seraient censés ignorer ce que ressent, pense et veut le peuple. Le mandat électif, dès lors qu’il serait donné, se transformerait donc en une une sorte de mandat de droit divin conférant un pouvoir absolu ne relevant plus de l’électeur !

Avec une conception pareille, on court inévitablement à la catastrophe. Car ne nous y trompons pas : avec cette réforme des retraites brutale et injuste, sans doute n’aurons-nous jamais eu à ce point devant nos yeux le danger mortifère d’un creusement supplémentaire de ce gouffre déja abyssal existant entre le peuple et sa représentation politique. Dans une situation où, de surcroit, l’opposition politique démocratique est dans un état de déshérence avancé, s’ouvre une voie royale pour l’accès au pouvoir du populisme nationaliste et xénophobe.

Heureusement, la messe n’est pas encore dite. Sur le plan législatif, restent les étapes de la réunion de la commission mixte parlementaire et du vote du parlement qui suivra. Les sénateurs mais, surtout, les députés qui ont le dernier mot législatif, peuvent encore choisir de faire prévaloir leur conscience démocratique en refusant de faire eux-aussi un bras d’honneur à l’écrasante majorité de la population et d’ouvrir ainsi une voie royale au populisme.

Oui, il faut traiter le problème des 13 milliards de déficit prévu de notre système de retraite. Non, ce dernier, qui ne représente que 3 % du budget total des retraites, ne le menace pas de mort subite justifiant la précipitation. Non enfin, le recul de l’âge légal n’est pas l’unique levier actionnable pour résorber le déficit. Oui, la sagesse est d’abondonner ce projet et de s’assoir autour d’une table pour parler ensemble du travail et arrêter les mesures socialement acceptables permettant de combler les 3% de déficit annoncés.

Espoir naïf, mission impossible ou possibilité encore ouverte ? Peu importe. Par conscience , colère et conviction, je serai encore avec l’intersyndicale le 15 mars dans la rue. Et j’espère que nous serons des milliers encore pour dire notre rejet et mettre jusqu’au bout les députés face à leur conscience et à leur responsabilité personnelle quant aux conséquences sociales et politiques qui pourraient découler d’une négation du peuple."

On ne lâche rien, après il sera trop tard !